Humeur du 17 octobre 2004

Digoret eo skol Diwan Paris

Cela semblait impossible il n'y a pas si longtemps et pourtant c'est maintenant une réalité : l'école Diwan de Paris, première école en langue régionale dans la capitale, a ouvert ses portes le 2 septembre dernier.

A force d'obstination, à force d'y croire, à travers des moments de découragement et d'autres extrêmement stimulants, l'équipe fondatrice de Diwan Paris a continué d'avancer avec la détermination de ceux qui mettent l'histoire en marche.

On peut toujours s'interroger sur l'utilité d'une langue, que ce soit le breton ou le français. Mais la langue n'est pas une fin en soi : elle est aussi porteuse d'une culture. L'ouverture d'une école bilingue en breton à Paris démontre aussi qu'une langue n'appartient pas à un territoire géographique : elle appartient à des êtres humains, qui s'en servent comme d'un outil de communication.

Au-delà de la langue bretonne, dans toute la richesse de son étonnante complexité, ce sont donc des valeurs de respect, d'ouverture et de pluralité que nous transmettrons aux enfants qui reçoivent une éducation bilingue à Diwan Paris. Conscients de la fragilité de leur propre culture et de leur propre langue, ils ne pourront, devenus grands, que respecter la culture et la langue de l'Autre.

Dans cette petite classe métissée, à l'image de la mosaïque parisienne, s'entrecroisent joyeusement plus de 8 origines différentes (breton bien sûr, mais aussi japonais, guatémaltèque, catalan, portugais, écossais, italien, tadjik, etc…). Comme le faisait observer une maman, " Quand l'enfant comprendra qu'il peut y avoir deux mots différents pour évoquer un même objet, il comprendra qu'on puisse avoir deux visions différentes d'un même monde ". Dans une société où la tentation du ghetto peut être forte, l'école Diwan de Paris s'élève en exemple de pluralisme et d'ouverture sur le monde !

Cette petite école qui deviendra grande fait maintenant bel et bien partie du paysage parisien, alors que l'an dernier à pareille date la chose paraissait encore impossible à certains. Mais qu'importe : quand les Noirs ont affirmé qu'ils avaient des droits, beaucoup se sont gaussé d'eux ; quand les femmes ont demandé le droit de vote, on s'est aussi moqué d'elles ; quand on évoquait le chute du mur de Berlin, personne n'y croyait. Et pourtant !

Que tombent les murs des préjugés et des inégalités, et que germe le respect pour les langues, toutes les langues ; pour les peuples, tous les peuples ; et pour les cultures, toutes les cultures !

Buz ha buhez da Ziwan Paris ! Longue vie à Diwan Paris !

Claude Nadeau
prezidantez, Skoazell Diwan Paris

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